La réalité de l'esclavage et ses conséquences sur les problématiques actuelles (complété)

 L’éminente Professeure nigérienne Eugénie Dossa-Quenum, dans son excellent ouvrage intitulé LA MÉMOIRE CELLULAIRE et les MULTIPLES INHIBITIONS DES NOIRS, dresse un tableau saisissant de l’effrayant héritage du Système esclavagiste sur les populations d’Afrique et les afrodescendants éparpillés aux quatre coins du monde.

‘’Les nombreux traumatismes, vécus par les populations noires depuis les râpes arabo-musulmanes jusqu’à la traite, puis ‘’l’engagisme ‘’ et le néocolonialisme actuel, ont laissé des empreintes dans la mémoire cellulaire des ancêtres…

Ces mémoires sont parfois associées à des forces invisibles qui, en nous fragilisant, créent un blocage qui nous empêche de nous épanouir. Et ce blocage qui s’empire d’une génération à l’autre, peut parfois déclencher des pathologies en rapport avec notre ascendance…’’

Par ailleurs, l’auteur français Etienne de la Boétie, en parlant de ‘’servitude volontaire’’, affirme que :

‘’Le cerveau de l’esclave, du colonisé, du dominé, après des siècles d’embrigadement, d’aliénation, d’asservissement est imbibé de complexes et d’inhibitions qui l’empêchent même de penser de manière autonome et d’organiser sa société en fonction de ses propres valeurs. D’où, la domination devenue quasi naturelle au point d’être parfois sollicitée par le dominé même.’’ 

D’un autre côté, ces « transmissions biologiques » de complexes et de peur enregistrés chez les communautés afrodescendantes se retrouvent, dans leurs corollaires, chez les descendants de leucodermes. En effet, ces derniers sont loin d’admettre qu’ils ont causé beaucoup de tort à l’Humanité et que leur civilisation et leur mission de salut n’ont provoqué que dégoût et désespérance qui fort heureusement n’aboutissent pas nécessairement à la haine. L’Occident post-colonial est tenaillé par une culpabilité angoissante qui l’empêche d’accueillir le pardon et d’envisager une quelconque réparation légitime ou tout au moins une approche plus juste des relations internationales, privilégiant un partenariat équilibré, dans la sauvegarde des intérêts particuliers respectifs.

Ces réalités biologiques et psychologiques extrêmement contraignantes provoquent des conséquences inimaginables sur notre vécu haïtien et explique le caractère catastrophique des divers évènements que nous expérimentons au pays avec un si profond désarroi. Les causes de nos malheurs sont à la fois endogènes et exogènes. Le cynisme et la malveillance des Puissances étrangères ne sauraient en aucun cas nous dédouaner de nos responsabilités nationales. Nos personnalités politiques, nos dirigeants religieux, nos économistes, nos hommes et femmes de lettre ne jurent que par la supériorité exclusive de ‘’l’homme blanc’’, jusqu'à en devenir, pour la plupart, les affidés. Même ‘’nos sublimes paysans’’, jusque-là détenteurs et conservateurs de notre héritage ancestral, n’ont pas pu résister aux assauts sauvages des nouveaux envahisseurs., les Missions évangéliques. L’acculturation est totale.; la métastase du cancer est quasi irréversible.

L’explosion fulgurante des vérités et la prise de conscience inattendue, aussi bien chez les opprimés que du côté de certains prédateurs, provoquent à la fois une détermination farouche des premiers en même temps qu’une peur viscérale chez les oppresseurs. L’urgente démarche des leaders des deux camps est de gérer au mieux cette épineuse dichotomie et parvenir à une mise en commun minimale, afin d’éviter cette catastrophe de guerre mondiale, la troisième, qui est déjà à nos portes.  

CONCLUSION : DÉCONSTRUCTION ET RECONSTRUCTION.                                       Sinon, ‘’se lave men, siye atè’’. Perpétuel recommencement !

GTG/ novembre 2023

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