Réflexions sur la Constitution Haïtienne.
Le Professeur Gérard Gène a reçu la très opportune invitation de se prononcer autour d’une table de discussion sur la Constitution haïtienne. Sur sa demande, en tant qu’Haïtien à part entière, fou d’amour pour mon pays de naissance, j’adhère à son point de vue.
À ceux qui liront mes réflexions il appartiendra de reconnaître que les quelques mots de ma part, non plus ceux de Prof Gène, ne viennent d’analyses improvisées ni ne cachent quelle qu’ambition de pouvoir politique personnel mais relevant d’analyses en profondeur avant ou au moment même où la Constitution de Mars 1987 était portée sur les fonts baptismaux.
Aujourd’hui, après 38 années à faire du surplace, chacun portant en bandoulière une Constitution 1987 prophétisée d’entrée de jeu comme la planche de salut, force nous est de reconnaître que la vérité irrévocable , la prophétie moultes fois accomplie est que la Constitution de Mars 1987 fut un joli bébé mais congénitalement piégé et infonctionnel.
Accompagnant le pli du professeur Gène est un début de polémique entre un militant désintéressé de la Diaspora et un héros de la Résistance à l’aube de 1987, que le compétent Marcus Garcia avait souhaité voir se poursuivre dans son Journal Haïti en Marche. Je tais encore les noms pour cause de décence et de respect partagé.
Que reste-t-il à dire sinon faire le vœu pieux, à force de ne pouvoir exiger mieux, que « Kat-la rebat ». En tenant compte de ce qui vraiment doit compter ou comme le suggère le texte sur Haïti en Marche, que tout est à refaire. On ne bâtit pas un pays, on n’élève une nation utilisant l’épure imposée par d’autres qui n’ont aucune volonté de nous voir heureux et souverain. Mais la vraie souveraineté nationale est un investissement de l’État dans l’individu, cellule vitale où le dénominateur commun est un sentiment d’appartenance non négociable.
“Une Constitution se doit d’être inclusive, c’est-à-dire, maternelle jusqu’au désintéressement, maternelle d’amour aveugle envers ses ressortissants qui n’ont pas trahi.
Pour se protéger, son seul recours, c’est qu’elle agisse en tant que charte fondamentale, comme un entonnoir, jamais tel le goulot trop serré d’une bouteille de parfum. Parlant de bouteille de parfum, sait-on pourquoi le goulot est si étroit? Pourquoi vidée la bouteille, en général, on ne la conserve pas, mais la jette à la poubelle, malgré la beauté artistique, et la remplace par une nouvelle? C’est d’abord parce qu'elle prétend rendre, souvent au compte-goutte, plus qu'elle n'ait reçu. C’est chiche, mesquin, pédant et peu productif. Plus le goulot est serré, moins la bouteille peut être remplie généreusement à nouveau. Plus facile de jeter sans cesse les flacons quand ils sont vidés ou épuisés que de les faire durer et passer de génération en génération. C’est le cas des constitutions nationalistes mais antipatriotiques, comme la Constitution Haïtienne de 1987. Percolateur, une charte fondamentale filtre et écarte la lie en servant de bouclier contre l’injustice et l’impunité. Entonnoir, elle facilite l’admission sans heurt des points de convergences, des vertus citoyennes, l’inclusion facile de la bonne volonté et des requis du vivre ensemble. Le résultat : un parfum qui flatte l’odorat, enorgueillit toute une nation, et inspire au-delà des frontières. Alors, j'en entends qui disent "comparaison n'est point raison". Vraiment?”
Ceci dit, une constitution souveraine ne devrait jamais sortir ou être influencée de l’extérieur. Tout fonctionnaire public ou militaire ou président subventionné ou endoctriné, ou qui réponde d’une autorité extérieure est traître, indigne de respect et tant soit peu vendeur de patrie.
Une bonne constitution aussi doit être facilement applicable ; l’anglais dirait “User-friendly”. Pas de balises trop rigides qui la rendent impracticable ou qui la privent de ses ressources humaines., indispensables. Car, dès qu’un article de la constitution est impracticable, il sera violé, et violer devient une habitude, voire une addiction.
On entend des Haïtiens qui iraient jusqu’à étendre l’amnistie à des criminels endurcis, non récupérables, mais qui parlent d’un Haïtien naturalisé plutôt comme de l’ennemi à abattre. Qu’elle aberration!
Avoir renoncé à sa nationalité doit être redéfini, et une fois cela fait, être rangé au même étage qu’un crime de lèse-patrie comme pactiser avec l’ennemi, entrer en connivence avec lui pour priver son pays et son peuple de la souveraineté alimentaire, du droit de produire et de créer !
Pour terminer, je dirais encore que la politique et la religion ne font jamais bon ménage. Il y’a toujours une insécurité des deux côtés qui ne joue pas en faveur de la stabilité, du progrès et du vivre ensemble.
L’Haïti de demain doit être laïque(de laicos).
Pour ceux qui voudraient voir dans les pays d’accueil un exemple à suivre, il faut partir à l’assaut des grands mensonges. Il y a un bluff Judéo-chrétien à rejeter: Une imposture en effet, puisque le Christianisme occidental n’a toujours été qu’un moyen à une fin: embrigader les naïfs à des fins de domination et de conquêtes. A lire Thomas Jefferson, Thomas Payne, John Adams, Georges Washington, pour ne citer qu’un petit groupe, jamais les USA ne furent une nation chrétienne, mais plutôt des Francs-maçons, en majorité. Et, à bien regarder, le message du Christ est largement ignoré au profit d’un nationalisme chrétien, hystérique, insensible et réactionnaire.
Est-ce à dire que le peuple haïtien doit être irréligieux? Non et non!
La liberté de jouir de sa religion sans nuire à la chose publique et sans que les autres qui n’y croient pas n’encourent ni nuisance, ni persécutions ou ne soient forcés d’en faire les frais, bref, ne nuisent aucunement à l’autre, en voilà un, par exemple, qui devrait être constitutionnel et inscrit dans la pierre.
Jean Baptiste L. Charlot
Avril 6 2025
Miami FL