De la Muse de Gabby:

                                                               UN JOUR (au Canada)

« A la recherche du savoir,

Fatigué de veiller,

La trop longue, la trop triste et la pénible veille,

Je suis parti un jour… »

Je suis parti un jour au pays des grands lacs ;

Je suis parti un jour

Dresser ma frêle tente et poser mon bivouac.

Comme l’oiseau migrateur aux approches de l’hiver,

J’ai voulu changer d’air.

Au pays des coureurs,

Des grands coureurs de bois,

Sur la terre du blé, de l’acier et du verre,

Je suis parti un jour contempler le printemps

Et chercher pour mes ans une flamme nouvelle.

Pays de sapins verts et de neige crystale,

J’ai baigné mes regards

De la vive splendeur de ta blanche nature.

Sous la caresse étrange de tes mains hivernales,

De mes pas lents et courts

J’ai cherché la mesure de tes arpents de neige.

Sous les blanches ondées de tes beaux confettis,

J’ai marché dans ta ville,

Dans les rues de ta ville si fièrement campée,

Comme là-bas nos montagnes, murs de nos horizons.

Refoulant mes ennuis

Et lestant mon esprit du poids de mes dégoûts,

J’ai épousé tes joies et chanté avec toi,

Fils de la belle Province.

Tu as vu sur mon teint la couleur de la nuit,

Et l’ardeur du soleil dans ma démarche lente ;

Mais vois-tu dans ma nuit l’odeur de mon été ?

Vois-tu dans mon été les échos de mon chant,

Et dans mon chant vois-tu la force de l’espoir ?

J’ai peur d’avoir passé

Comme un nuage égaré au travers de ton ciel.

Je crains que ma chaleur

N’ait pu laisser de trace

Sur ta route enneigée au trois quarts de l’année.

J’ignore si tes regards

Ont souvent dépassé le péritoine obscur de

Ma réalité,

Pour découvrir

Ce lopin de verdure et de rêves brûlés,

Ces regards angoissés, ces vies de pélican,

Ce carnaval étrange qui se déroule en moi.

Œil au regard muet,

As-tu vu dans ma nuit

Cette âme d’enfant qui dort,

Remplie de l’espérance ?...

Ami au verbe lent,

As-tu vu dans mes mains

Ce cœur de révolté

Qui bat,

Qui bat très fort,

Jusqu’au bout de mes doigts,

Jusqu’à la limite de ma paume,

De ma paume blanche que je te tends ouverte,

Pour recevoir de toi ta profonde amitié,

La leçon du combat et le geste loyal,

Et aussi pour t’offrir

La chaleur de mon cœur et ma passion de vivre… ?

Ton Gui / Montréal, février 1967

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