SERVITUDE VOLONTAIRE

LA SERVITUDE VOLONTAIRE !

L’inconcevable tourmente qui caractérise l’univers social de notre temps, la descente aux enfers que subissent stoïquement bien des peuples du Tiers-Monde, l’absurdité indécente qui enveloppe le déroulement des évènements dans le Continent Africain et plus particulièrement dans notre Pays Haïti, tout cela m’a obligé, en tant qu’acteur intimement lié à ces incohérences insupportables, à me transformer en observateur pour essayer de comprendre les tenants et aboutissants d’un tel état de fait.

La lecture récente d’une thèse peu répandue d’un auteur français m’a littéralement décillé les yeux. Aussi, je m’empresse de la soumettre à la sagacité de mes lecteurs, dans l’espoir de susciter un débroussaillement absolument nécessaire dans ce fouillis généralisé des actuels débats.

1576 La servitude volontaire d’Etienne de La BOETIE

Les textes anciens et inoubliables sont rares. Le texte d’Etienne de La Boétie publié pour la première fois en 1576 est un joyau qui détaille les bases de notre esclavage. Extraits :

« Comment il peut se faire que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a de pouvoir de leur nuire sinon tant qu’ils ont le vouloir de l’endurer, qui ne saurait leur faire mal aucun sinon lorsqu’ils aiment mieux le souffrir que le contredire (…) Plus ils pillent, plus ils exigent, plus ils ruinent et détruisent, plus on leur donne, plus on les sert, de tant plus ils se fortifient  et deviennent toujours plus forts. Si on ne leur donne rien, si on ne leur obéit point, ils demeurent nus et défaits, et ne sont rien, sinon que, comme la racine n’ayant plus d’aliment, la branche devient sèche et morte (…) Celui qui vous maîtrise tant n’a que deux yeux, n’a que deux mains, n’a qu’un corps, sinon qu’il a plus que vous tous : c’est l’avantage que vous lui faites pour vous détruire. D’où a-t-il pris tant d’yeux dont il vous épie si vous ne lui donniez ? Combien a-t-il tant de mains pour vous frapper s’il ne les prend de vous ? Les pieds dont il foule vos cités, d’où les a-t-il s’ils ne sont les vôtres ? (…) »

Même le régime démocratique a pour La Boétie ses insuffisances : « Il y a trois sortes de tyrans. Les uns ont le royaume par élection du peuple ; les autres par la force des armes ; les autres par succession de leur famille. Pour dire la vérité, je vois bien qu’il y a entre eux quelques différences, mais de choix, je n’y en vois point, la façon de régner est toujours quasi-semblable. Celui à qui le peuple a donné l’État devrait être, ce me semble, plus supportable, et le serait n’était que, dès lors qu’il se voit élevé au-dessus des autres, il délibère de n’en bouger point (…)

La nature de l’homme est bien d’être libre et de le vouloir être, mais sa nature est telle que naturellement, il tient le pli que l’éducation lui donne. Disons qu’à l’homme toutes choses lui sont comme naturelles, à quoi il se nourrit et s’accoutume. Ainsi la première raison de la servitude volontaire, c’est la coutume ; on ne regrette jamais ce que l’on n’a jamais eu. »

  • L’auteur Etienne de la Boétie dépeint de manière saisissante la triste réalité que constituent l’organisation et le fonctionnement de nos sociétés moyenâgeuses et modernes. Le servage, l’esclavage, la colonisation, la dépendance ne sont en général que la résultante d’un comportement servile, comportement axé sur des valeurs fort questionnables. En effet, qui dit valeur dit choix, qui dit choix dit comportement. Les valeurs régissent le comportement et la modification des valeurs aboutit à une modification du comportement.
  • La Famille, l’École, la Religion sont les dispensatrices de valeurs. Renouvelées à l’intérieur d’une démarche permanente de convergence et de consolidation de nos valeurs, ces institutions demeurent les gardiennes de l’Éthique qui doit orienter toute la planification normative, toute l’action politique et administrative, toutes les relations nationales et internationales.
  • Cette Nouvelle Tour de Babel, savamment érigée comme autrefois par la rapacité de quelques-uns et la naïveté de beaucoup, nous impose une redéfinition intelligente des valeurs de Dignité, d’Honneur, de Compassion, de Partage qui doivent constituer la charpente de cette nouvelle société où il fera bon vivre.
  • GTG/ Octobre 2023

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