POURQUOI SE SOUVENIR?
A l’approche de la commémoration du 18 novembre 1803, date anniversaire de la Bataille de Vertières, il est de bon ton de se poser un certain nombre de questions en particulier sur le bien-fondé de cette démarche de souvenir relative à cet évènement exceptionnel. D’aucuns considèrent ce haut fait d’armes comme l’opération charnière entre l’ignoble empire de l’Esclavagisme et le triomphe spectaculaire de la dignité de l’être humain et de l’autodétermination des peuples.
Par ailleurs, face à ce constat horrible de l’actualité nationale haïtienne, l’observateur averti peut déceler une détérioration inconcevable dont l’expression la plus funeste s’inscrit dans cette gangrène sociale que des analystes qualifient de « Mémoricide ». Cette politique cynique consiste à occulter, dénigrer, vilipender les dates, les lieux, les monuments, les célébrations mettant en lumière les gestes héroïques de notre histoire de peuple; par la suite, elle fait en sorte à les oblitérer, les effacer de notre mémoire.
Dans toute communauté humaine équilibrée, l’histoire est reconnue comme une arme implacable qu’il convient d’utiliser avec intelligence, en particulier dans les carrefours difficiles d’un présent problématique. La mémoire collective ne saurait recourir à meilleure inspiration que ces heures de gloire et ces courageuses dispositions mémorables réalisées par nos valeureux Ancêtres. La bataille de Vertières, en dépit des manœuvres persistantes des Prédateurs pour la dissimuler, l’ostraciser à l’entendement général, Vertières demeure une référence historique porteuse de fierté, de dignité et de vérité face à l’arrogance raciste, aveugle et inculte des Puissances colonisatrices d’hier et d’aujourd’hui.
Pour ne pas faiblir, pour ne pas trahir, pour ne pas périr, nous devons nous souvenir de Bwa Kayiman, de Vertières, de la Ravine-à-couleuvres, de la Crête-à-Pierrot, de la Citadelle, de nos vaillants aïeux, des sublimes va-nu-pieds qui nous ont légué cet héritage unique et ineffable. Faisons en sorte à nous abreuver à la source inépuisable de notre histoire profonde pour reformater notre présent, et réorienter comme il convient notre futur. Malgré nos déboires et en dépit de tout, nous sommes ‘’les descendants des forgeurs de liberté et les héritiers des propagateurs de dignité’’. Qu’ils se le tiennent pour dit, et qu'ils s'en souviennent !
Bonne Fête à l’Armée d’Haïti.
GTG/ novembre 2024