Après une lecture approfondie d’une petite plaquette de 115 pages ayant pour titre ‘’LA FOI DE BOUKMAN’’, offerte par Joseph Augustin en 2003, quelques années avant sa mort, j’ai été envahi par ce désir irrésistible de propager l’héritage fantastique du fondateur émérite du Mouvement TANBOULA. Par ce Mouvement, tambour et vaccines pénètrent l’église catholique romaine.
Tout d’abord, ‘’Joseph Augustin (Papi Djo) fut un humaniste, penseur original, homme de conviction et de foi, vulgarisateur imbu de la culture haïtienne et de ses richesses. Dans cette plaquette bien documentée, dense et profonde, sur fond de références culturelles, il aspire à restituer l’homme haïtien à sa véritable nature.’’
Après la publication de son excellent ouvrage, ‘’LE VODOU LIBÉRATEUR’’, Augustin a décidé de réfléchir plus en profondeur sur le ‘’MAL HAITIEN’’ et les difficultés majeures de notre peuple à s’arracher de l’emprise coloniale pour parvenir à un épanouissement authentique à travers une liberté assumée, dénuée de toute aliénation.
‘’Si nous voulons être délivrés du mal, du mal haïtien, écrit Augustin, il nous est indispensable de savoir d’abord et pertinemment qui nous sommes. A cette question de première importance, nos écoles et nos églises n’ont point travaillé à trouver réponse. Bien savoir qui nous sommes et en vivre est pourtant notre seul chemin de salut. Nous ne nous sauverons jamais à partir des traits superficiellement peints sur notre mal par la Colonisation, l’esclavage, l’hégémonie étrangère.’’
‘’En imposant, renchérit Jean Rousseau, à une société un schéma qui ne lui convient pas, et cela remonte au début de la colonisation, on crée un monstre qui porte en lui les germes de son autodestruction.’’
‘’Tant qu’on n’est pas soi-même, ce qui est appelé libération n’est qu’une caricature d’autrui dont on veut se revêtir.’’
Par ailleurs, le Révérend Jacques Mésidor, Supérieur des Salésiens d’Haïti, déplore l’approche apostolique pratiquée dans notre histoire passée et présente, dominée par l’esprit colonialiste. Il écrit : ‘’Pour les Haïtiens, la croix de Colomb, la première en date à être plantée sur notre sol, n’est pas d’abord un signe de victoire et de libération. Elle évoque quoiqu’on s’en défende, le massacre des Indiens, la traite des nègres, l’esclavage, la colonisation, la christianisation forcée des vodouisants''.
Augustin termine en disant que ‘’l’Haïtien n’a pas tort de vouloir rester soi-même. La résistance de son identité est son premier pas vers le salut. Il trouvera en lui-même les ressources de l’amour, de la vraie vie et de la liberté.’’
Les derniers évènements qui ont cumulé jusqu'au déploiement cynique des gangs dans toutes les avenues de la réalité socio-politico-religieuse du Pays d'Haiti, ont permis de mettre a nu le''Mal Haitien'' dans toute sa laideur et sa complexité. La guerre déclarée depuis le commencement atteint son paroxysme et l'Haitien est devenu, avec le concours du Malin Prédateur, ''ce produit escamoté de la copulation multiforme du colon et du nègre''.
Le diagnostic ainsi posé, il ne saurait avoir aucun simulacre de thérapie cosmétique sortie directement des laboratoires de charlatans internationaux. S'il reste encore un peu de dignité chez ces descendants de forgeurs de liberté et ces héritiers des propagateurs d'indépendence, la seule alternative demeure une réédition de 1803, revue et corrigée, en d'autres termes, se débarrasser du Mal par une intervention chirurgicale authentique.
GTG/ octobre 2024