LES AMBIGUITÉS DU CANAL
Le motif premier de cette réflexion est pour signifier l’énorme gabegie administrative qui enveloppe cette entreprise agro-industrielle envisagée à Ouanaminthe dans le Département du Nord-Est. Selon les déclarations répétées d’un certain Sénateur entrepreneur originaire de la Région, la genèse de ce Projet de CANAL remonte à l’époque de la candidature de Michel Martelly à la Présidence du Pays... Le Sénateur rapporte ostensiblement que le candidat Martelly, de passage dans le Nord-Est, lui a fait la promesse de l’aider dans ses projets agro-industriels personnels, si le sort lui est favorable dans sa course pour le fauteuil présidentiel.
Une fois Monsieur Martelly élu Président, notre Sénateur revient à la charge et sollicite à nouveau les faveurs du Grand Patron pour l’ouverture éventuelle d’un canal sur la Rivière Massacre en vue de l’irrigation de ses propriétés dans la zone. Le chef convoque les ministres concernés et les dispositions sont prises pour que le nécessaire soit fait dans le plus bref délai. Budget envisagé, Contrat d’exécution signé avec la Compagnie AGRITRANS de Monsieur Jovenel Moise, des montants d’argent décaissés, déclanchement et arrêt des travaux de façon désinvolte. En somme, l’absence totale de transparence et de comptabilité est le portrait fidèle de la gestion publique haïtienne. ’’Zanmitay, Mounpayis, Népotisme, Magouy’’ demeurent les éléments de référence pour comprendre un tant soit peu la marche des affaires de l’État haïtien.
Le Canal, comme bon nombre de Projets d’utilité publique, apparait comme des entreprises d’ordre personnel, reliées à la personne soit d’un chef d’État, soit d’un Sénateur, député, ou magistrat sans grande chance d’aboutissement ou de maintenance permanente, dans le cadre normal de la continuité de l’État relative à la gérance ordonnée de la chose publique.
« Nan zafè fouye zo nan kalalou », à bien chercher dans les moindres détails, nous pouvons relever bien des éléments très ambigus dans cette affaire de CANAL qui défraye la une des préoccupations actuelles de notre histoire de peuple. En dehors du Canal, ou plutôt en se référant à d’autres Projets utiles du même genre et dans la même zone, on peut évoquer la mise en place d’une Zone Franche jumelée à la Construction d’un Port en eau profonde à Fort Liberté, pour faciliter les divers échanges y afférant. Cette intéressante perspective a connu le sort malheureux des grands travaux d’infrastructures, conçus, élaborés et exécutés dans ce cadre vermoulu de gabegie administrative généralisée : Gagòt, Gagòt, Gagòt.
L’affaire du Canal soulève bien des enthousiasmes et donne lieu à de formidables manifestations de solidarité régionale et nationale ; mais sans une réflexion profonde et une mise en place définitive pour un démarrage harmonieux à travers une symbiose intelligente Secteur Privé-Administration Publique, ce nouveau mouvement risque de demeurer une tempête dans un verre d’eau, une autre grande manifestation populaire sans suite.
Tout développement sérieux exige une bonne Gouvernance, des compétences avérées, à l'intérieur d'un Plan global réaliste, sinon «SE LAVE MEN, SIYE ATÈ », c’est tout simplement du Temps perdu, ‘’Se CHARIE DLO NAN PANYEN BANBOU’’.
GTG/ Octobre 2023