De Montréal

Un article particulièrement tendancieux

Un journaliste du quotidien Le Nouvelliste, Monsieur Pierre Raymond Dumas, a publié un article le 23 décembre 2021 dans lequel il a affiché une véritable monstruosité. Tout Haïtien qui n’est pas un dénaturé, devrait se sentir blessé dans sa fierté de faire partie de ce peuple libre et indépendant, malgré la malveillance et la cupidité de la plupart de nos dirigeants. Écoutons-le.

          « Appauvri, et inégalitaire, on ne peut plus, le pays n’est pas encore prêt pour le règne de l’alternance démocratique apaisée, basée sur le respect de la Constitution et de la recherche constante du dialogue consensuel. C’est ce qui explique, une fois de plus, la transition post-Jovenel Moïse dont les aboutissants restent si incertains. »

          Monsieur Dumas, est-il bien conscient de l’énormité d’une telle déclaration ? Si après 218 ans d’existence le pays n’est pas encore prêt à vivre dans un cadre constitutionnel, basé sur l’alternance du pouvoir politique comme toutes les autres nations démocratiques, alors nous faudra-t-il encore deux siècles pour y parvenir peut-être ? L’auteur de cet article doit s’exercer à un réel effort pour comprendre qu’un peuple, quel qu’il soit, n’a nullement besoin d’une éternité pour vivre cette expérience, tout en se développant de façon optimale, au gré des compétences des plus capables et des plus honnêtes. Si sa plume n’est pas vendue, et espérons que ce n’est pas le cas, la réprobation de tous les Haïtiens qui se respectent, doit l’inciter à une rectification en règle, ou du moins à un éclaircissement de sa pensée, si possible bien sûr.

           Cette prise de position étonnante constitue en fait une véritable invitation à la dictature. Or justement, les propos du Premier ministre résonnent comme un écho. Celui-ci a déclaré récemment qu’il a mis le cap sur les élections et le changement de la Constitution. Nous savons tous que de telles initiatives ne se réalisent pas du jour au lendemain, surtout dans le contexte malsain que vit le pays sous la pression des gangs armés. Et comme par hasard, cette déclaration trouve un soutien résolu d’un sénateur du Parti Inité, au cours d’une émission Matin débat. Celui affirme entre autres, que son Parti est en pourparlers avec le Premier ministre. Et sans aucune gêne, il ajoute, à une question de Monsieur Tatoute: « Nous sommes tous des coquins. »

            C’est dans ces eaux singulièrement troubles que les membres de l’Accord de Montana doivent naviguer pour participer au partage du pouvoir le 7 février prochain. Néanmoins, la porte restera close s’ils entretiennent toujours leur étrange illusion de voir le Docteur Ariel Henry abandonner le pouvoir, sans aucune pression de l’extérieur. Ses menaces non voilées à l’adresse des journalistes et des réseaux sociaux, concernant sa tournée éclair tragi-comique aux Gonaïves, ne doivent pas être prises à la légère. L’aurore d’une dictature éclaire déjà le ciel d’Haïti. Or c’est là effectivement que l’article de M. Dumas décroche toute son importance. Il prépare les esprits de façon subliminale, à cette réalité révoltante. Puisque le pays n’est pas encore prêt pour le règne de l’alternance démocratique apaisée, le Docteur Ariel Henry, pour s’accrocher au pouvoir, pourra donc piétiner la Constitution à sa guise, de même que toutes les institutions du pays, déjà souverainement affaiblies par le président Jovenel Moïse.

          Haïti est couché sur un lit d’hôpital, selon cette belle chanson classique haïtienne : Haïti Zantray, qui date de 1986, si admirablement interprétée par M. Sidon Joseph, et qui se trouve sur YouTube actuellement. Or, le médecin qui se trouve au chevet de ce malade qui est en train d’agoniser, est sans aucun scrupule. Il est grisé par le pouvoir. Il se couvre de honte et de ridicule aux yeux du monde entier. Il ne peut mettre les pieds dans aucun Département du pays. Dans la Capitale, Port-au-Prince, il est à la merci des gangs armés. Croyez-vous donc qu’il est apte à assurer des soins appropriés à ce malade, pour un prompt rétablissement ? À vous d’en juger.

Prof. Gérard Gène

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