Gabriel T. Guillaume | 7:05 PM (57 minutes ago) | ![]() ![]() | |
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’SOUVIENS-TOI’’
La tendance remarquée des promoteurs et des bénéficiaires du Système (actuellement) en cours est d’occulter littéralement les faits emblématiques du passé pour se cramponner exclusivement sur les réalités du présent dans leurs expressions purement conjoncturelles. Cette posture à courte vue a pour effet immédiat de pérenniser les horreurs déjà enregistrées et même d’amplifier les intolérables injustices de l’histoire.
En effet, comment demander à un juif de ne pas se souvenir des péripéties de son peuple à travers les diverses déportations enregistrées au cours de son histoire. Que de rituels cette communauté juive n’a-t ’elle pas consignés dans ses démarches liturgiques pour rappeler au diverses générations les moments forts de ses pérégrinations : esclavage, libération, traversée du désert, passage de la mer rouge, le Décalogue, les murs de Jéricho, l’entrée en Canaan, la chute de Jérusalem, l’holocauste des temps modernes, etc.
De leur côté, les chrétiens aussi bien que les musulmans ont établi tout un calendrier liturgique pour commémorer annuellement l’ensemble des évènements significatifs marquant la vie de leur éminent prophète respectif. En plus de sa portée commémorative, la messe chrétienne, à ma connaissance, comporte également un aspect d’actualisation qui malheureusement n’est pas clairement soulignée par les responsables catéchétiques.
Quant aux Français et Américains, on ne peut nullement leur reprocher aucun manque de civisme ou de patriotisme quant au respect et à la reconnaissance que toutes nations doivent à leurs ancêtres. Les dates et les lieux, les monuments, les cultes sont clairement soulignés dans leurs documents de mémoire et célébrés avec faste et dévotion.
Que dire des Haïtiens et leur incomparable déroulée historique. Le malheur a voulu que notre devoir de mémoire a subi des assauts profanateurs venant aussi bien d’éléments nationaux dénaturés que des prédateurs insatiables et impénitents des Puissances colonisatrices. En effet, les dates charnières aussi bien que les lieux sacrés de notre histoire de peuple tombent progressivement sinon dans l’oubli, du moins dans l’indifférence quasi totale. Ce, pour notre malheur.
En somme, il est indéniable que chaque civilisation, chaque communauté, chaque individu se définit selon une trajectoire propre, une orientation exceptionnelle, avec des références particulières qui ne tolèrent aucune ambigüité. Le reniement, l’altération totale ou simplement l’oubli de ces éléments culturels déterminants peuvent constituer une profanation fort déplorable, susceptible de mettre en péril et même d’ostraciser tout un ensemble familial ou sociétal.
Le phénomène d’acculturation, subie ou imposée à travers une politique de mondialisation infernale, est à la base de cette présente inquiétude qui fait appel à l’impérieux devoir de mémoire, à l’urgente nécessité d’un retour aux sources, à l’utilisation intelligente des traditions ancestrales.
‘’Faites ceci en mémoire de moi’’ recommande le Christ à ses disciples, toujours dans une perspective d’actualisation perpétuelle de la démarche initiale.
‘’L’arbre de la Liberté repoussera par ses racines’’, déclare le Précurseur de l’Indépendance haïtienne, pour signifier l’importance de la source.
Ces rappels significatifs mettent clairement en évidence cet élément dénommé ‘’EGREGORE’’, puissance mystique de première importance qui est à la base de tout ensemble culturel. Le monde moderne, embourbé dans un matérialisme déshumanisant, semble incapable de transcendance et veut malheureusement effacer cet aspect spirituel indispensable de l’entité humaine. L’Occident capitaliste parait désemparé devant la montée fulgurante de la vision d’autodétermination des communautés humaines, vision qui s’enracine davantage dans la puissance de l’être plutôt que dans la force brutale des armes.
Toutefois, après un certain recul, je n’oserais pas culpabiliser tous ceux qui ont jugé nécessaire et opportun de moderniser les anciennes architectures morales, intellectuelles, scientifiques qui ne peuvent guère résister à l’usure du temps, à l’apparition de technologies plus performantes, et à l’explosion de nouvelles connaissances.
Le devoir de mémoire ne sous-entend guère le retour inconditionnel aux valeurs du passé, en rejetant d’un revers de main toute innovation et toute adaptation qui dérangent, sans aucune considération approfondie. L’évolution fait partie intégrante de l’aventure humaine ; tout décideur ne saurait la nier sans causer des torts immenses et un retard considérable à toute la Création.
De plus, en y réfléchissant de façon responsable, et en mettant toutes choses en perspective, tout en tenant compte de l’ambiance d’autrefois, de ses avantages et privilèges indiscutables, il y a lieu de se demander si une intelligente combinaison entre l’antique et le moderne, entre les charmes anciens et les exigences nouvelles, cette heureuse symbiose ne serait- elle pas, à toutes fins pratiques, la meilleure solution pour toutes les générations ? Sauvegarder le Patrimoine tout en s’adaptant aux nouveaux paradigmes, sans tomber dans le consumérisme desséchant du monde moderne.
Puissions-nous nous rappeler toujours ce que nous sommes,
Pour qu’ensemble nous redevenions ce que nous avons été,
DES ETRES DE LUMIERE faisant l’expérience du CHARNEL.
GTG/ Janvier 2023